Les vaccins contre le SARS-CoV-2 vont bientôt fêter le premier anniversaire de leur mise sur le marché. Le laboratoire Merck (MSD), et son partenaire Ridgeback Biotherapeuic, ont développé un antiviral, le premier traitement oral contre le coronavirus, le molnupiravir, actuellement en phase III des essais cliniques.
Le principe
Le principe de ce médicament est d’empêcher le virus de copier son ARN, c’est-à-dire d’éviter la réplication du virus dans l’organisme et prévenir des formes graves. Les deux partenaires font une énorme avancée. En effet, les molécules antivirales testées jusqu’à présent étaient des médicaments repositionnés, c’est-à-dire qui étaient destinées à d’autre maladie, et qui n’ont pas eu d’efficacité sur le virus.
Le premier traitement oral contre le coronavirus : les résultats de l’essai clinique
Le laboratoire a développé son antiviral en observant le nombre de personnes hospitalisées ayant bénéficié de ce produit lors des essais cliniques de phase III, et celui du groupe témoin, qui a reçu un placebo. il y avait 775 participants qui étaient des personnes à risque, atteintes du SARS-CoV-2 de manière « légère » ou « modérée ». D’après le laboratoire, 7.3% des patients ayant reçu du molnupiravir ont été hospitalisés, contre 14.1% des patients traités par placebo, un mois après le début de l’essai. Le laboratoire mentionne, qu’au jour 29, aucun décès n’a été signalé parmi le groupe soigné avec le molnupiravir, contre 8 morts au sein du groupe témoin. Ainsi, les chercheurs ont constaté une diminution du risque d’hospitalisation ou de décès de 50%, même face aux variants préoccupants comme le Delta, Gamma ou encore Mu.
D’après les essais cliniques du laboratoire, le médicament permettrait de diminuer les formes graves de la maladie sans avoir recours aux traitements disponibles dans les hôpitaux, qui sont des thérapies lourdes. En effet, les traitements sont dominés par des anticorps monoclonaux qui sont des anticorps de synthèses permettant de répondre au Covid-19 chez les patients les plus gravement atteints ou susceptibles d’être affectés par des formes graves. Le molnupiravir serait une solution plus facile à déployer. En effet, la facilité d’utilisation du médicament permettrait un impact plus important sur la population.
Suite à la publication des résultats de la phase III de l’essai clinique, Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, a estimé que les données de l’essai clinique étaient « impressionnantes ». Les résultats sont suffisamment convaincants pour qu’un comité indépendant de surveillance de données, en consultation avec la Food and Drug Administration (FDA), décide d’arrêter l’essai prématurément. En effet, cela pourrait indiquer que ses membres considèrent qu’il serait contraire à l’éthique de continuer à donner un placebo à certains malades.
Le premier traitement oral contre le coronavirus : la demande d’autorisation
Les deux entreprises souhaitent, désormais, déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès de la FDA. S’il est autorisé, le molnupiravir deviendra alors la première pilule antivirale de ce type utilisée contre le SARS-CoV-2.
La prise de l’antiviral
Le molnupiravir doit être administré dans les premiers jours des symptômes. L’antiviral doit être pris deux fois par jour, pendant cinq jours, sous forme de pilules. MSD promet de produire au total 10 millions de ces traitements d’ici la fin de l’année.
MSD se verra verser 1.2 milliard de dollars pour livrer environ 1.7 million de traitements molnupiravir au gouvernement des Etats-Unis.
Le risque de cet antiviral
Certains experts sont inquiets concernant le mécanisme de cette molécule. En effet, ils craignent un risque de mutagénèse dans les cellules des personnes traitées. La molécule peut être incorporée dans l’ADN et y créer des mutations. Cette observation n’a cependant été faite que in vitro et non in vivo. La prudence reste donc de mise l’absence de la détection ne veut pas dire la détection de l’absence » explique Ron Swanstrom.
Les autres traitements
Merck travaille également sur un autre traitement contre le Covid-19, le MK-711. Les essais cliniques sont tout aussi prometteur. En effet, les chercheurs ont constaté une diminution de 50% du risque de décès ou d’insuffisance respiratoire chez les patients hospitalisés faisant partie de cet essai.
D’autres laboratoires travaillent sur des antiviraux sous forme de comprimés, notamment Atea Pharmaceuticals, ou encore le laboratoire Roche. Ces deux laboratoires étudient l’efficacité d’un traitement comparable qui porte le nom de AT-527.
Le laboratoire Pfizer a annoncé avoir commencé un essai clinique de grande ampleur pour le développement de sa pilule contre le SARS-CoV-2. Cette pilule aurait la capacité de réduire, à titre préventif, les risques d’infection chez l’entourage d’une personne ayant contracté la maladie. Il serait administré en combinaison avec une « faible dose » du médicament ritonavir, utilisé contre le virus du sida.
L’institut Pasteur teste le clofoctol, un antibiotique contre les infections respiratoires bénignes, à administrer sous forme de suppositoire.